Réponses aux arguments des opposants aux vaccins anti-Covid 3/13

Argument n°3 : une enzyme permettrait au vaccin de « modifier le génome » 

Affirmation relayée par François Asselineau sur Facebook et    inexacte

Tout est parti à la mi-juin d’un site d’infos spécialisée dans la technologie « Le Journal du Geek »qui a consacré à une étude américaine, un article intitulé « Surprise : les cellules humaines peuvent finalement convertir l’ARN en ADN », article qui, soit dit en passant, n’évoque pas la question des vaccins.

Cet article a été corrigé depuis. En effet, la première partie de cet article a été réécrite en date du 08/07/21 pour y apporter des corrections et clarifications, notamment pour expliquer qu’une petite action de transcription de fragments d’ARN en ADN a déjà été montrée pour d’autres polymérases que celle concernée par l’étude.

Le site Geopolintel, qui relaie abondamment des théories aux accents complotistesavait reproduit  l’article original du « Journal du Geek » en y ajoutant un lien avec les vaccins à ARN messager.

Il est important de préciser que si cette étude d’enzymologie, très technique, aborde en effet le concept de transcription de fragments d’ARN en ADN, l’un de ses auteurs, Richard T. Pomerantz, professeur au Département de Biochimie et de Biologie Moléculaire à la Thomas Jefferson University, a précisé qu’elle n’a pas d’implications concernant l’efficacité et la sécurité des vaccins à ARN.

Cette fameuse étude de l’université Thomas Jefferson de Philadelphie a bien mis en lumière, en juin, une enzyme appelée polymérase theta. Contenue dans les cellules, cette protéine intervient lors de la transcription du code génétique (ADN) en acide ribonucléique (ARN). Ce qu’ont découvert les chercheurs, c’est que « des segments d’ARN peuvent être traduits de nouveau sous la forme d’ADN » grâce à cette enzyme.

Le professeur Richard Pomerantz, coauteur de l’étude, a clairement expliqué que ses travaux ne portaient « ni sur l’ARN viral, ni sur le coronavirus et met également en avant le caractère « artificiel » de son expérience. Les segments d’ARN, que l’équipe de Thomas Jefferson University ont observés, ont tous été soigneusement construits en laboratoire, donc en environnement artificiel et n’ont pas enquêté sur ce qui se déroule habituellement dans la vraie vie. Cette faculté de retranscription de l’ARN en ADN a d’ailleurs déjà été identifiée chez d’autres enzymes.

Donc, le président du collectif Reaction19, Carlo Alberto Brusa, avocat et complotiste (même s’il refuse ce qualificatif) tire donc des conclusions hâtives de travaux éloignés du développement des vaccins contre le Covid-19.

Pour expliquer pourquoi cette étude ne remet pas en cause la sécurité des vaccins à ARN messager, il faut revenir sur quelques éléments de biochimie et sur le fonctionnement de ces vaccins.

ARN et ADN : qu’est-ce que la « transcription »?

Je l’ai déjà expliqué dans un article précédent, mais il est toujours utile d’expliquer plusieurs fois.

Pour pouvoir fonctionner, les cellules du corps humain ont besoin de différentes protéines, qui ont une multitude de fonctions essentielles. Pour synthétiser la protéine dont elle a besoin, la cellule a besoin des informations – la recette de la protéine, ou son plan de construction – contenues dans nos gènes.

Pour pouvoir transmettre ce plan, notre ADN en crée une de copie à usage unique : ce duplicata s’appelle l’« ARN messager », une molécule chimiquement très proche de l’ADN. C’est ce processus de copie qui a pour nom scientifique la « transcription » car l’ADN est « transcrit » en ARN.

Toute une machinerie – les ribosome s- se met alors en place pour lire le plan situé sur l’ARN messager et fabriquer la protéine demandée. Précisons aussi que le mécanisme de fabrication, appelé « synthèse des protéines », se déroule non pas dans le noyau de la cellule (où se trouve notre ADN) mais dans ce qui l’entoure, le cytoplasme.

Cet ARN messager est très fragile et s’autodétruit rapidement après avoir permis la fabrication de la protéine.

Les vaccins à ARN messager reproduisent cette idée pour injecter directement le plan de construction d’une protéine dans la cellule du patient (la fameuse protéine Spike): l’ARN messager « voyage » dans de minuscules capsules protectrices faites de lipides (les nanomolécules lipidiques), pour atteindre sain et sauf la cellule avant d’être très rapidement détruit par celle-ci, une fois les informations délivrées.

En bref, les vaccins anti-Covid à ARN messager fournissent les plans de la protéine S (« spike ») du virus Sars-CoV-2, à l’origine du Covid-19 : la cellule va alors produire cette protéine spécifique, de façon localisée et transitoire, afin de susciter une réaction immunitaire de l’organisme à la vue de ces protéines, qui agissent comme des « leurres ».

Le corps est ainsi préparé à combattre immédiatement et efficacement le Sars-CoV-2 s’il venait à contaminer l’organisme.

Alors bien sûr, depuis les premières informations, en 2020, sur développement de ce type de vaccin, jusque-là inconnu du grand public, ont fait naître chez ce dernier des craintes relatives à une possible interaction de l’ARN messager du vaccin avec l’ADN du vacciné, c’est-à-dire la crainte d’une altération de notre patrimoine génétique.

La communauté scientifique a expliqué à de très nombreuses reprises que cela n’était pas possible. Cette communauté scientifique regroupe instituts de recherche, universités ou agences sanitaires comme : l’Inserm, les CDC américains, l’Agence nationale de sécurité du médicament…

Donc, cela n’est pas possible pour plusieurs raisons :

  • La synthèse des protéines ne se fait pas dans le noyau de la cellule mais dans le cytoplasme : autrement dit, l’ARN messager n’entre pas dans le noyau où se trouve l’ADN.
  • Tout ARN est rapidement dégradé après avoir été traduit en protéine
  • Le processus de « transcription » ne se fait que dans un seul sens : de l’ADN vers l’ARN. Le processus inverse – où l’ARN serait « rétro-transcrit » en ADN – ne se fait pas spontanément dans l’organisme. En revanche, certains virus appelés rétrovirus, ont cette capacité : c’est le cas du VIH, virus à ARN à l’origine du Sida. Le VIH dispose en effet d’une enzyme appelée « transcriptase inverse », capable d’intégrer de l’ARN issu de l’ARN viral dans le génome de la cellule.

Ceci étant dit, nous allons regarder d’un peu plus près l’étude américaine utilisée par la publication de Mr Asselineau sur Facebook citée au début de cet article.

L’étude américaine : de l’enzymologie très pointue qui n’a pas de rapport avec les vaccins

Comme son titre l’indique (« Polθ reverse transcribes RNA and promotes RNA-templated DNA repair »), elle montre qu’une enzyme appelée « polymérase θ » (ou « théta ») « retranscrit l’ADN » pour pouvoir utiliser des fragments d’ARN et « réparer » l’ADN, quand des cassures se forment dans la réplication de l’ADN.

Cette polymérase semblant s’exprimer dans les cas de cancers, elle pourrait constituer une piste intéressante en cancérologie. Néanmoins, l’article ne remet pas en cause les explications des scientifiques sur la « rétro-transcription » ni sur l’absence de risque d’intégration de l’ARN vaccinal au génome. La polymérase θ est une enzyme impliquée dans la réparation de l’ADN ; Le Pr Olivier Schwartz, directeur scientifique à l’Institut Pasteur, l’explique très bien. « A chaque division cellulaire, l’ADN est recopié pour que chaque cellule ‘fille’ ait un noyau avec tout le patrimoine génétique. Mais parfois, il y a des erreurs ou des cassures –parce qu’il y a quand même 3 milliards de bases (les nucléotides, « briques » qui constituent notre code génétique) à recopier donc il peut y avoir des problèmes — il y a par conséquent des systèmes de réparation de l’ADN…Cette polymérase θ utilise, pour réparer l’ADN, de l’ARN mais pas pour l’intégrer, elle agit comme une sorte de rustine… et utilise de tout petits fragments d’ARN qui n’ont rien à voir avec l’ARN messager du vaccin…C’est de l’enzymologie in vitro donc même pas dans une cellule, c’est un système biochimique d’activité d’enzyme, on est loin de l’ARN messager ». C’est aussi ce que dit le Dr Pomerantz, co-auteur de l’étude , déjà cité.

Les auteurs ont juste montré que Polθ avait une activité de ‘reverse transcriptase’, ce qui n’avait pas été démontré auparavant. Mais les complotistes et consorts ont extrapolé que ça remet en cause le vaccin ARNm ou tout autre médicament ciblant l’ARNm, ce qui relève de la fausse rumeur.

Les auteurs de l’étude ont mis en évidence que pour faire les réparations nécessaires, la polymérase théta est capable d’avoir une petite fonction de transcriptase inverse mais elle le fait « une fois, quand il y a une erreur, les auteurs ne démontrent pas qu’elle est capable de transformer une molécule d’ARN entière en ADN ». Donc, cette activité de transcription inverse montrée pour cette enzyme est réduite, et limitée à un cas de figure très précis.

De plus, l’expérience est faite dans un milieu synthétique, et non dans une cellule humaine, encore moins dans un corps humain.

C’est pour ces raisons que les quatre scientifiques interrogés par l’AFP expliquent que cette étude ne montre pas qu’une transcriptase inverse se fasse spontanément dans le corps humain et encore moins que l’ARN messager puisse être intégré au génome.

Elle ne vient pas montrer non plus que les cellules humaines disposent de l’enzyme « transcriptase inverse ».

De plus, il y a déjà plein d’ARN messager dans nos cellules, donc, s’il y avait un problème, il aurait déjà été observé. Qui plus est, cette découverte d’une telle activité réverse chez une enzyme n’est pas une première.

En effet, on savait qu’une« enzyme peut fonctionner potentiellement dans les deux sens » pour effectuer de petites réparations mais  le Pr Frédéric Altare, directeur du Département d’Immunologie au Centre de recherche en cancérologie et immunologie Nantes-Angers (CRCINA) et directeur de recherche à l’Inserm. explique que« leur activité principale c’est le remontage, même si, au coup par coup, elles peuvent redémonter un petit peu pour remonter derrière » comme quand on s’aperçoit qu’on a placé la mauvaise pièce de Lego et qu’on la remplace toute de suite par la bonne pour continuer la construction.

Alors, Monsieur Asselineau,  avant de relayer une information, vérifiez les données. La lecture des études que j’ai évoquées est à la portée d’un ancien d’HEC et de l’ENA comme vous. Si vous pensez que votre cybermilitantisme vous permettra d’obtenir plus que les 0,92% des voix aux prochaines présidentielles, vous vous leurrez !!!! Si toutefois, vous osez vous présenter, car votre mise en examen de 2020 reste dans les mémoires.

Author: sfl73_pass_Sa03Na08

DIPLOMES 1980 Diplôme d’Etat d’Infirmière 1996 Diplôme de Cadre de Santé 1998 DU de Soins Palliatifs 2007 DU Ethique Soins et Santé PARCOURS PROFESSIONNEL 1980-1983 Infirmière AU CHU de Rouen 1983-1995 Infirmière dans les services de Médecine et de Cure Médicale dans un Hôpital Local Faisant fonction de cadre à partir de 1989 Infirmière Coordinatrice du SSIAD rattaché à l’établissement en 1993 1996-2002 Cadre de Santé au CHU de Rouen dans différents services, de nuit puis de jour 2002-2005 Cadre de Santé en EHPAD dans un CH de la région Normandie, responsable de 6 unités de soins soit 167 lits et chargée de missions transversales (notamment la Gestion des Risques) 2005-2018 Cadre de Santé Formateur à l’IFSI du CHU de Rouen TRAVAUX REALISES: mise en place d'un SSIAD, Transmissions ciblées, Chef de projet sur la réalisation d'un film illustrant le protocole de pose d’une bande de contention veineuse et présentation dans différents congrès, évaluation de la prise en charge de la douleur, évaluation de l'éducation des patients sous AVK, référent SIIPS, Participation au groupe de travail sur la mise en place des CLAN (Comité de Liaison Alimentation Nutrition) à la DHOS, gestionnaire de risques, animateur d'un groupe d'évaluation dans le cadre de la certification, réalisation d'audits, participation à l'élaboration et à la réactualisation de protocoles de soins. PARTICIPATION AUX INSTANCES: Conseil d’Administration, Commission de Soins, CLAN.

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