Réponses aux arguments des opposants aux vaccins contre le Covid-19 – 2/13

Sur les réseaux sociaux et sur différents sites d’informations, les opposants au vaccin anti-Covid font entendre leurs voix pour dissuader la population de se faire vacciner. Les français ont tout à fait le droit de refuser ce vaccin (tant qu’il n’est rendu pas obligatoire par la loi) ou de se faire vacciner, ils ont aussi le droit de s’exprimer (sans violence SVP) sur leur choix. Toutefois, si nous sommes libres de nous exprimer, encore faut-il que les informations que nous utilisons et divulguons soient basées sur des faits vérifiés et vrais! Ce n’est malheureusement pas toujours le cas des antivaccins.

Chaque jour, je vais donc sélectionner un argument utilisé par les antivax et amener les réponses les plus claires possibles sur le sujet.

Argument n°2 : Olivier Véran aurait écrit que les vaccins étaient inefficaces ! 

Affirmation inexacte

Le ministre de la Santé avait effectivement écrit dans un « mémoire en défense, que les vaccins ne protégeaient pas des formes graves du Covid-19, n’empêchaient pas d’être contaminés et n’évitaient pas la contamination interindividuelle. Ce document avait été écrit par Olivier Véran alors qu’un homme de 83 ans, vacciné, avait saisi le Conseil d’Etat en mars 2021 pour réclamer la levée des mesures de confinement pour les personnes vaccinées. Cet octogénaire Francilien se plaignait de devoir rester confiné dans un rayon de 10 kilomètres autour de son domicile, alors qu’il avait reçu ses deux doses du vaccin de Pfizer.

Le ministre de la Santé, en réponse à la plus haute juridiction administrative française, avait donc écrit qu’il était trop tôt pour différencier les règles relatives aux limitations de circulation selon que les personnes ont reçu ou non des doses des vaccins en l’état des connaissances scientifiques.

Olivier Véran mettait en avant quatre arguments :

  • l’efficacité partielle des vaccins, puisqu’ils ne protègent pas à 100% contre toutes les formes (notamment bénignes), du Covid-19 ;
  • l’efficacité des vaccins face à l’apparition des nouveaux variants
  • le profil des personnes vaccinées à l’époque, c’est-à-dire les personnes les plus exposées aux formes graves et aux décès en cas d’inefficacité initiale du vaccin ou de réinfection post-vaccinale ou de la virulence d’un variant ». La vaccination n’était alors ouverte qu’aux 70 ans et plus et aux personnes à risque âgées de 50 ans et plus.
  • Le vaccin n’empêche pas de transmettre le virus aux tiers et l’impact de la vaccination sur la propagation du virus n’est pas encore connu. »

Le ministre de la Santé rappelait seulement les limites connues des vaccins, ainsi que la difficulté de lever trop rapidement le confinement à une période où la campagne vaccinale française était loin d’être aussi avancée qu’aujourd’hui.

Alors, certes les vaccins ont des limites puisqu’ils ne protègent pas à 100%. Mais, il est essentiel de rappeler que selon l’Organisation Mondiale de la Santé, « le vaccinations sauvent la vie de 2 millions de personnes chaque année dans le monde. Des campagnes internationales ont permis l’éradication de la variole, baisse de 99% des cas de poliomyélite entre 1988 et 2003. En France, grâce au vaccin, l’incidence des oreillons est passée de 859 à 9 cas pour 100 000 habitants entre 1986 et 2013″.[1]

Mais des maladies continuent de sévir à travers le monde alors que des vaccins existent : La coqueluche a resurgi aux États-Unis, en particulier en Californie, depuis 2011, mais aussi en France. La rubéole sévit en Europe de l’Est depuis 2012(notamment en Pologne et en Roumanie). Entre 2008 et 2013, la rougeole est réapparue en force en Europe de l’Ouest, notamment en Allemagne et en France. Seul le maintien d’une bonne couverture vaccinale, c’est-à-dire d’un taux élevé de personnes vaccinées dans la population, permet de tenir ces maladies à distance. 

La vaccination offre beaucoup de bénéfices sur le plan individuel (en protégeant chaque personne vaccinée) et sur le plan collectif (en diminuant le nombre de personnes pouvant disséminer une maladie). La diffusion d’une maladie contagieuse au sein d’une population est en effet directement liée à la proportion de sujets susceptibles de la contracter, donc, plus le nombre de personnes vaccinées augmente, plus le risque de transmission diminue. En outre, lorsque le nombre de vaccinés devient très important, les personnes immunisées font barrage entre les individus contagieux et les individus non immunisés entraînant de fait une cessation progressive de la circulation du pathogène. Cette protection de groupe protège donc les vaccinés, mais aussi les non vaccinés. 

Cette stratégie a déjà permis d’éliminer la variole, en France et à travers le monde. Elle permet en outre de limiter la diffusion de nombreux autres germes et pourrait conduire à l’élimination de maladies comme la rougeole ou l’hépatite B.

En termes de santé publique, elle évite des complications liées aux maladies concernées, et en outre en termes d’économie, elle diminue le recours aux soins, les hospitalisations, les handicaps ou encore les arrêts de travail…). 

Exemples de deux maladies emblématiques : la rougeole et la diphtérie En France, il y a eu plus de 23 000 cas de rougeole  entre 2008 et 2012 en trois vagues épidémiques, qui ont généré plus de 1 000 pneumopathies graves, 30 complications neurologiques (encéphalite ou myélite) et 10 décès. Pour éradiquer la rougeole, il faudrait qu’au moins 95% de la population ait reçu 2 doses de vaccin à l’âge de 24 mois. La couverture vaccinale ne cesse de progresser et atteint désormais les 90%, mais elle reste insuffisante. 95% personnes contaminées au cours de ces épidémies n’étaient pas vaccinées (80% des cas), ou insuffisamment vaccinées (1 seule dose de vaccin), et 5% avaient reçu les deux doses recommandées mais étaient donc vraisemblablement des mauvais répondeurs au vaccin. Elles auraient probablement été protégées de l’infection si la couverture nationale avait été optimale, empêchant la circulation du virus.  N’oublions pas que si la rougeole n’entraîne pas systématiquement des complications graves, elle a néanmoins fait des ravages parmi les aztèques et les incas quand les espagnols ont pris pied en Amérique au XVème siècle. Cette maladie était alors inconnue des amérindiens qui n’étaient donc pas immunisés. Et les ravages de la rougeole ont été parachevés par ceux de la variole amenée elle-aussi par les conquistadors, entraînant la disparition des empires aztèques et incas au XVIème siècle. Mais en échange du virus, les Amérindiens ont transmis aux Espagnols une maladie vénérienne bactérienne contre laquelle ils étaient eux-mêmes immunisés, la syphilis, jusque-là inconnue dans le Vieux Monde ! Au xixe siècle, de grandes épidémies de rougeole ont été décrites lors de l’occupation de régions insulaires : les Iles Féroé (1846), Hawaï (1848), les îles Fidji (1876), les îles Samoa (1911), ainsi que le sud du Groenland en 1951. Ces populations insulaires ou isolées étaient, comme les amérindiens non-immunisées par absence de rougeole. La rougeole frappe alors plus de 9 personnes sur 10 avec une forte mortalité pouvant aller jusqu’à 20 à 25 % de la population : Hawaï en 1848, les Fidji en 18764. En Europe des épidémies sévirent en 1840, 1860 et 1880. Ainsi, la rougeole, maladie endémique d’origine virale, apparue au VIIème siècle av. J.-C., a tué près de 200 millions de personnes, principalement des enfants en bas âge, jusque dans les années 1960. On ne peut pas imaginer ce que l’un des agents pathogènes les plus infectieux de la planète peut faire à une personne non vaccinée en 2021. Alors pourquoi quelqu’un déciderait-il de ne pas se faire vacciner ou de s’abstenir de protéger ses enfants ? C’est parce que l’oubli du passé a précipité une amnésie sélective dans notre psychisme après la rougeole. Ignorer des faits scientifiques a tragiquement mener à un point où certaines personnes ne comprennent pas les valeurs et l’utilité de certains des outils les plus phénoménaux créés au cours de notre guerre historique contre les maladies infectieuses.   Quant à la diphtérie, elle a quasiment disparu du paysage européen après être devenue pandémique au début du XVIIIème siècle et fait des ravages chez les enfants au 19e siècle et au début du XXème siècle. On l’appelait alors « la tueuse d’enfants ». Elle continue toutefois à sévir ailleurs, provoquant des épidémies dans certains pays comme l’Algérie, des pays de l’ex URSS ou encore la Thaïlande dans les années 90. Entre 2002 et 2012, l’Institut de veille sanitaire a recensé neuf cas en France (dont huit importés) chez des sujets non ou mal vaccinés. En 2015, un enfant de 6 ans non vacciné est décédé de la maladie en Espagne. La vaccination systématique permet de tenir la maladie à distance, pour soi et les autres.

 


[1] Vaccins et vaccinations Un bénéfice individuel et collectif – https://www.inserm.fr/dossier/vaccins-et-vaccinations/

Author: sfl73_pass_Sa03Na08

DIPLOMES 1980 Diplôme d’Etat d’Infirmière 1996 Diplôme de Cadre de Santé 1998 DU de Soins Palliatifs 2007 DU Ethique Soins et Santé PARCOURS PROFESSIONNEL 1980-1983 Infirmière AU CHU de Rouen 1983-1995 Infirmière dans les services de Médecine et de Cure Médicale dans un Hôpital Local Faisant fonction de cadre à partir de 1989 Infirmière Coordinatrice du SSIAD rattaché à l’établissement en 1993 1996-2002 Cadre de Santé au CHU de Rouen dans différents services, de nuit puis de jour 2002-2005 Cadre de Santé en EHPAD dans un CH de la région Normandie, responsable de 6 unités de soins soit 167 lits et chargée de missions transversales (notamment la Gestion des Risques) 2005-2018 Cadre de Santé Formateur à l’IFSI du CHU de Rouen TRAVAUX REALISES: mise en place d'un SSIAD, Transmissions ciblées, Chef de projet sur la réalisation d'un film illustrant le protocole de pose d’une bande de contention veineuse et présentation dans différents congrès, évaluation de la prise en charge de la douleur, évaluation de l'éducation des patients sous AVK, référent SIIPS, Participation au groupe de travail sur la mise en place des CLAN (Comité de Liaison Alimentation Nutrition) à la DHOS, gestionnaire de risques, animateur d'un groupe d'évaluation dans le cadre de la certification, réalisation d'audits, participation à l'élaboration et à la réactualisation de protocoles de soins. PARTICIPATION AUX INSTANCES: Conseil d’Administration, Commission de Soins, CLAN.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *