La variole, éradiquée grâce au vaccin.

Si nous avions eu le rejet des vaccins que nous voyons actuellement dans certains médias et sur les réseaux sociaux, aurait-il été possible d’éradiquer la variole ? Honnêtement, je ne le crois pas. Nous aurions vraisemblablement encore des cas de variole, mais aussi la polio, la tuberculose qui d’ailleurs est toujours là et la mortalité infantile de 2,84‰ serait vraisemblablement encore au niveau des années 50, c’est-à-dire 52‰, si nous avions eu le genre de fausses informations répandues actuellement. Oui cette désinformation peut tuer des gens.

La variole a fait environ 300 millions de morts au 20e siècle, plus que les conflits armés. Elle a été déclarée officiellement éradiquée par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) en 1980 grâce à l’effort global de vaccination engagé après la Seconde Guerre mondiale.

Il n’en est pas de même avec la poliomyélite. En effet, officiellement éradiquée depuis août 2020 d’Afrique grâce au vaccin, elle fait de la résistance en Asie, notamment au Pakistan et Afghanistan où cette maladie reste endémique. L’échec des campagnes de vaccination s’y explique notamment par la méfiance des populations rurales et la croyance en des théories du complot contre les musulmans.

la variole, la plus grande tueuse de tous les temps

La variole est une des maladies épidémiques les plus anciennement connues dans le monde. Et tous ceux, qui aujourd’hui se demandent combien de temps dure une pandémie sur les réseaux sociaux, font souvent référence aux grandes épidémies du passé qui ont marqué l’histoire de l’humanité. Celle de la variole a particulièrement marqué le continent américain.

En 1518, le conquistador Hernan Cortès débarque sur le continent américain. Il compte soumettre l’empire aztèque qui règne sur le territoire de l’actuel Mexique, et ce avec quelques centaines d’hommes et des armes plus sophistiquées que celle des autochtones. Ce que Cortès ignore, c’est qu’il va pouvoir compter sur un allié effrayant : la variole.



Patient touché par la variole (ou smallpox) ; (Source : Archives médicales militaires des États-Unis)

La variole (aussi appelée petite vérole) est une maladie virale éruptive qui a un début brutal, de la fièvre, des douleurs, un délire, puis l’éruption couvre tout le corps, y compris le visage. Progressivement, cette éruption évolue en pustules (boutons remplis de pus). La variole est arrivée , importée par les conquistadors qui l’ont amenée avec leurs troupes, leurs chevaux, leurs arquebuses… En deux ans les espagnols accomplissent une conquête éclair de l’empire aztèque. Rapidement, Cortès prend possession de la capitale impériale, Tenochtitlan, l’une des plus grandes villes du monde à l’époque. 40% de ses 200 000 habitants succombent à la variole.

La variole a décimé les populations amérindiennes qui étaient des populations immunologiquement « naïves » vis-à-vis de la variole. C’était une maladie très grave dont à peu près la moitié de la population mourait. Résultat en ce qui concerne les aztèques, la population passe de 16 million en 1520 à 1 million d’habitants en 1600. La variole a ainsi contribué à l’extinction de la civilisation aztèque. Juste retour des choses cependant, les indiens (ou plutôt les indiennes se sacrifiant pour défendre leur peuple) ont transmis aux Espagnols, la syphilis qui n’existait pas en Europe, et bientôt nommée français ou grande vérole. Avec un peu de recul on avait assisté à un échange de vérole, la petite  contre la grande !

La rencontre de Cortés et Moctezuma vue par un peintre anonyme du xviie siècle.

Les Incas ont eux aussi été décimés par la variole transmise par les envahisseurs hispaniques à des populations locales non immunisées.

Tous les grands virus mortels qui ont jalonné l’histoire de l’humanité – la variole, la rougeole, la grippe ou la peste – étaient à l’origine des maladies animales qui ont muté et franchi la barrière des espèces. Ces maladies ont d’abord été véhiculées par les animaux domestiques (par exemple, pour la variole par les chameaux et les chevaux). Or comme il n’y avait pas d’animaux domestiques dans les Amériques, ces maladies y étaient très peu répandues. Et les espagnols sont arrivés avec …des chevaux.

Cette illustration du XVIe siècle, extraite du Codex de Florence, une encyclopédie supervisée par le moine franciscain Bernardino de Sahagun (1500-1590), représente une Indienne contaminée par la variole.

De leur côté, les colons européens sont majoritairement préservés. Ils ont pu développer une certaine immunité à cette maladie qu’ils connaissent déjà depuis plusieurs siècles. Car la variole a une origine très ancienne, puisqu’elle était connue en Inde plus de 3000 ans avant notre ère. Elle était connue aussi en Egypte. La momie de Ramsès V a montré des signes d’une infection cutanée qu’on pense être la variole. Elle a souvent été cachée sous d’autres noms. En réalité par le passé toutes les fièvres éruptives se faisaient appeler « peste ». Ainsi la peste Antonine de Rome, qui a tué cinq millions de personnes (enfin… à un million près) et qui a certainement précipité la chute de l’empire, était la variole. Elle a été introduite en Chine au 1er siècle de notre ère et puis, elle s’est répandue en Europe au Moyen-Age à travers les invasions arabes du VIIIe siècle, mais aussi au retour des croisés au XIe siècle, mais aussi grâce aux invasions normandes du XIIIe siècle.

Un siècle après les conquistadors, ce sont cette fois les français et les britanniques qui colonisent l’Amérique du Nord. La variole traverse l’Océan Atlantique avec eux et va être utilisée dans un but très précis : en tant qu’arme biologique. Les conquérants s’en sont servis parfois. La contagion, très importante, se fait d’homme à homme, directement, mais elle peut se faire aussi indirectement, par les objets. Aux Etats-Unis et au Canada, les colonisateurs et les populations locales ont échangé des cadeaux . Certains autochtones ont reçu des couvertures de varioleux, ce qui a contribué à l’émergence d’épidémies dans ces populations. On a dans l’histoire plusieurs écrits qui montrent que c’était intentionnel. La variole fait là encore des ravages. Ces épidémies auraient touché entre 70 et 90% de la population amérindienne. En deux siècles, elle a donné un nouveau visage au continent américain.

Prémices de la vaccination : la variolisation

Au XVIIIe siècle, la variole est donc présente sur toute la planète. Elle devient l’une des principales causes de mortalité à l’époque. En effet, à l’époque, un malade sur cinq meurt. Ceux qui en réchappent, sont marqués à vie par les cicatrices des pustules sur leurs visages. Une épouvantable épidémie sévit en Europe au XVIII siècle : quatre cent mille personnes moururent chaque année de la variole.

Si la variole a pu servir au pire, elle était également au cœur d’une découverte majeure de la médecine : la vaccination.

Depuis des siècles, une technique similaire, la variolisation, permettait de freiner les épidémies, en inoculant aux populations une version moins violente de la variole prélevée sur des malades.

En fait, à l’époque, on sait depuis longtemps que la variole elle-même, si elle ne tue pas le patient, le rend résistant à la maladie, la réinfection étant en effet apparemment impossible. Et depuis longtemps déjà, dans de nombreux pays on pratique la variolisation, c’est-à-dire l’injection volontaire de liquide de vésicules varioleuses à des sujets sains pour leur éviter la maladie (on était bien sûr censé choisir le liquide provenant de malades dont la maladie avait été légère). Malheureusement, les résultats sont aléatoires : certains meurent, d’autres font une forme normale avec des cicatrices épouvantables, d’autres, une forme atténuée (but idéal de la variolisation), enfin, effet plus pervers, certains n’ont aucun signe, mais restent, en revanche, exposés à attraper la maladie !

Née en Orient la technique avait été importée en occident en 1717 par les travaux et observations d’Emmanuel Timoni, médecin de l’ambassade d’Angleterre à Istanbul, auteur en 1713 d’un traité sur l’inoculation. Lady Mary Wortley Montagu la femme de l’ambassadeur d’Angleterre en Turquie, qui portait elle-même sur son visage, « d’un mal si redouté, le fatal témoignage », a servi de publicité à la variolisation en faisant inoculer son fils en mars 1718 avec succès par le chirurgien de l’ambassade Charles Maitland. C’est Tronchin, un médecin suisse qui l’introduit en France en inoculant les enfants du Duc d’Orléans en 1756. Daniel Bernoulli a quant à lui démontré dans une véritable travail de santé publique, que, malgré les risques, la variolisation généralisée, permettait de gagner un peu plus de trois ans d’espérance de vie à la naissance. La variolisation a cependant suscité l’hostilité de nombreux médecins. Cependant, La Faculté de médecine de Paris, consultée par le Parlement, rend un arrêt le 8 juin 1763, par 52 voix contre 26, en faveur de l’inoculation.

D’ailleurs, suite à la mort de Louis XV, le 10 mai 1774 de la variole, après une longue agonie dans un horrible tableau frisant la décomposition vivante, déclarée le 26 avril à Marly, la décision a été prise d’inoculer, son petit-fils, le jeune roi Louis XVI, ainsi que ses deux frères (futurs Louis XVIII et Charles X).

Bulletin de santé de Louis XVI le 24 juin 1774 après sa variolisation

Ce qu’on sait moins, c’est que le gouvernement de Louis XVI déclenche un plan de lutte contre la variole, chargeant notamment Jean-Sébastien Vaume, chirurgien en chef de l’hôpital d’Ajaccio, de mener en Corse une campagne d’inoculation. Les techniques d’insertion de la variole vont de la pustule variolique desséchée à la piqûre au moyen d’une lancette. Mais la pratique mise œuvre par le docteur Vaume est celle de la « fine aiguille », bien pointue et de grosseurs différentes ainsi qu’il le révèle dans ses mémoires : « Cette dernière (pratique) m’a été enseignée par un chirurgien et un prêtre grecs de la colonie d’Ajaccio en 1774, lorsque je fus chargé par le gouvernement d’établir cette opération dans l’île de Corse, et de lui faire des rapports sur les effets que j’obtiendrais. Mes succès ont été constants : un seul enfant, imprudemment traité pendant la dentition, est mort de convulsion au moment de l’irruption variolique, ce que l’on peut attribuer à la première cause. » Reconnue pour ses bienfaits, l’inoculation variolique sera adoptée ensuite en Autriche, en Russie, et même en Italie.

Les Bonaparte se déclarent vite convaincus par les soins prodigués par Jean-Sébastien Vaume : « La famille Buonaparte, devenue ensuite si fameuse, a augmenté le nombre de mes patients, et n’a eu qu’à se louer de cette utile découverte. » Cela explique sans doute le zèle avec lequel la princesse Elisa Bonaparte ordonne dès 1806 une campagne d’envergure draconienne contre la variole à Lucques, cité-état dont elle avait la charge. Et cela explique aussi l’adhésion de Napoléon à la vaccination de Jenner par la suite.

La vaccination jennerienne

Découverte à la fin du XVIIIe siècle, la vaccination plus fiable, permet de diminuer nettement la mortalité.

Edward Jenner (1749-1823), Discoverer of vaccination

L’Angleterre était particulièrement touchée…ce qui inquiète Edward Jenner, médecin de campagne à Berkeley, dans le comté de Gloucester, où l’épidémie tue beaucoup de ses patients. Il se souvient alors d’une croyance populaire glanée en parlant avec les fermiers du pays : Les laitières ne faisaient jamais la variole ! En parlant avec eux, un petit dicton populaire lui avait été rapporté:  « Si tu veux une femme qui n’aura jamais de cicatrices sur la figure, marie une laitière ! »

En effet, jamais il n’avait observé la variole chez aucune de ces filles, pourtant peu soignées, dont les mains étaient sales, souvent pleines de terre, avec des pustules qui remontaient sur les avant-bras. Il en avait examiné un certain nombre sans retrouver de signes de variole sur leur corps ou leur visage … il fait le rapprochement avec cette maladie de la vache, appelée  cow-pox ou vaccine, qui pouvait se transmettre à l’homme par contact et donc aux trayeuses ou aux garçons de ferme, sous forme de pustules plus ou moins profondes sur les mains et les avant-bras.

Pendant quelques jours, Andrew Constable, ancien camarade de classe de Jenner, s’est senti fébrile avec des frissons et un franc mal de gorge, mais n’a pas voulu déranger Jenner pour si peu. Mais, le lendemain, est apparu le mal à la tête et le surlendemain une multitude de petites vésicules confluentes sur le visage, le dos, le thorax et la paumes des mains. Pour Jenner arrivé immédiatement, le diagnostic est évident. Il met donc son malade en quarantaine, interdit au reste de la famille de l’approcher :et demande à Daisy, la trayeuse de vaches de la ferme voisine d’assurer les soins de son ami, après s’être assuré que Daisy avait bien fait la vaccine, qu’elle portait sur les avant-bras les cicatrices caractéristiques et qu’elle n’avait jamais été contaminée par la variole. Malgré les potions et les onguents, Andrew meurt, mais Daisy, elle, se porte comme un charme.

Cow-pox ou vaccine

Sarah Nelms, une fille de ferme vient le consulter pour soigner des pustules sur les avant-bras que Jenner met en lien avec la vaccine présente sur une vache de la ferme. Il demande à la jeune fille de revenir le lendemain après l’avoir rassurée sur ses symptômes. Il se présente le lendemain 1er juillet 1796 avec Sarah chez la famille de son jardinier Phipps, où la mère inquiète devant l’épidémie de variole  l’avait interrogé plusieurs fois sur la variolisation pour son fils de 8 ans , James. Jenner lui propose une slolution moins dangereuse selon lui qui est d’inoculer le liquide des pustules de Sarah à la famille, ce qu’il met en œuvre.

L’étape suivante était capitale pour la démonstration. Après avoir vérifié que la vaccine avait bien « pris » sur James sous la forme d’une belle pustule, il fallait aller jusqu’au bout du raisonnement et tout faire pour qu’il attrape la variole. Aujourd’hui, une telle démonstration serait impossible. Jenner estime qu’il n’a pas le temps devant l’épidémie qui ravage le comté et il se montre plus expéditif. Ce qu’il a fait en 1796 est une expérimentation humaine qui serait évidemment interdite aujourd’hui. Et en effet, six semaines plus tard, Jenner inocule délibérément à son petit patient, le liquide d’une vésicule varioleuse (il n’avait que l’embarras du choix pour trouver le donneur). James a supporté tout cela sans embarras avec une simple fièvre dans les jours qui ont suivi et sans infection par la terrible maladie. Jenner recommence six mois plus tard, sans aucune réaction.

La «vaccination», dont l’étymologie vient bien du mot vache en latin (Vacca) était née. Ce fut d’ailleurs de mot que choisit Pasteur en hommage au « Grand Jenner » lorsqu’il redécouvrit la vaccination à propos du choléra des poules.

Comme tous les grands découvreurs, Jenner a dû faire face au scepticisme et à l’incompréhension. Bien que son rapport initial ne soit pas publié par la « Royal Society », ses travaux ont été un peu connus du public et il subit une campagne de presse contre sa vaccination, bon nombre de gens redoutant qu’elle fasse pousser sur leur front des cornes de vaches ! Toutefois, grâce à l’appui de beaucoup de ses collègues et après une requête du Parlement, il obtient du roi une somme de 10 000 livres pour continuer ses travaux sur la vaccination. Mais ce n’est qu’en 1840 que la vaccination devint recommandée en Angleterre et qu’on y interdit la variolisation.

Caricature publiée en 1802 de Jenner vaccinant des patients qui craignaient qu’il leur fasse pousser des cornes de vaches

Entre temps, d’autres ont compris l’intérêt des travaux de Jenner. Conseillé par le brillant Dr Guillotin (inventeur de l’outil tranchant qui porte son nom), Napoléon voit tout de suite l’intérêt d’une telle découverte (lui qui se envisage envahir l’Angleterre !). En 1804, redoutant plus les virus anglais que leurs canons, il fait vacciner tous les volontaires de la grande armée au camp de Boulogne, décerne une médaille à Jenner et libère même deux prisonniers anglais à sa demande. Napoléon aurait dit qu’il ne pouvait « rien refuser à l’un des plus grands bienfaiteurs de l’humanité » , et en outre, par un décret du 16 mars 1809, signé aux Tuileries et paraphé d’un « N » impérial autant qu’impérieux, Napoléon, obéissant à l’urgence sanitaire, ordonne d’accélérerla campagne de vaccination contre la variole qui ravage la France . Lorsque son fils le roi de Rome naît en 1811, il montre l’exemple en le faisant vacciner. On estime qu’à la fin de l’Empire, un enfant sur deux était vacciné.

https://www.arte.tv/fr/videos/104163-000-A/napoleon-et-le-vaccin-contre-la-variole/

Napoléon et le vaccin contre la variole – Regarder le documentaire complet | ARTE

Malgré la vaccination jennérienne, la variole continue à tuer de par le monde. Avoir un vaccin c’est bien, encore faut-il savoir (ou pouvoir) l’utiliser. En 1958, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) décide d’éradiquer (enfin) la variole qui fait encore 2 millions de morts par an dans le monde. Mais la stratégie initialement envisagée était de viser  « l’immunisation de troupeau » ou immunité collective, qu’on considère obtenue à partir de 80% de vaccination de la population. Cette politique s’est avéré impossible et inefficace tant les populations en question étaient nombreuses (exemple : Inde) et mobiles (exemple :tribus itinérantes d’Afrique). Les premières campagnes se sont révélées extrêmement coûteuses et très rapidement à court de vaccins viennent à manquer.

Trois des directeurs successifs du centre d’éradication de la variole en 1980, J. Donald Millar (1966-1970),au milieu William Foege (1970-1973) et J. Michael Lane (1973-1981)

Intervient un jeune médecin infectiologue de l’OMS : William Foege qui dirige à l’époque une équipe de vaccinateurs en Afrique poursuivant les campagnes anti-varioleuses. Appelé en urgence dans une autre région où sévit l’épidémie, il ne lui reste. qu’environ 2000 pour 250000 personnes. Il réfléchit autrement et se demande quels sont les sujets qui peuvent être objectivement la proie du virus. Il décide donc de pallier la pénurie en isolant les malades atteints (malheureusement condamnés) puis il recherche par une enquête policière tous ceux qui ont été en contact avec les malades et décide de vacciner ceux- là (et ceux-là seulement). Quand les doses de vaccins demandées sont arrivées, il n’y avait plus de variole.  La stratégie du Foege de vaccination en anneau fut un succès total. Et c’est finalement cette technique qui a été adoptée partout avec une grande réussite. Cette stratégie est toujours d’actualité puisque elle a été adoptée par un avis du 7 mai 2021 dans le cadre de la Covid-19.

En 10 ans, on a réussi à éradiquer totalement la variole. On a attendu deux ans, pour qu’il n’y ait plus de cas, pour déclarer le 26 octobre 1979, jour zéro de la variole. La variole disparaît après plusieurs millénaires de ravages, dont une grande partie sur le continent américain, faisant entre 500 millions et un milliard de morts à travers les âges.

Vannes, 1955 : dernière épidémie en France

Dernière épidémie de variole en France – Vannes, 1955

En décembre 1954, le Dr Jacques Morat se rend au chevet du petit Daniel Debuigny, âgé de onze mois qui souffre de fièvre. Le praticien découvre ce qui lui semble ressembler aux premiers symptômes de la variole. Tenaillé par le doute, le 8 décembre il alerte un pédiatre de l’hôpital, le Dr Georges Cadoret. L’état de santé du jeune enfant est sérieux. Le Dr Cadoret a diagnostiqué une varicelle, il ne peut envisager la variole chez cet enfant dont le père militaire de carrière a dû être vacciné. L’enfant quitte l’hôpital le 28 décembre, guéri.

Mais l’enfant a contaminé le service pédiatrie. La maladie a commencé à se propager. À Chubert sept enfants déclarent ce que l’on pense encore être des varicelles. Le Dr Cadoret s’inquiète. Le 31 décembre, il consigne l’hôpital. Le 3 janvier un enfant décède. Le 4 janvier l’Institut Pasteur confirme la maladie. Ce qui sera la dernière épidémie de variole en France a commencé.

Elle va se diffuser à la faveur du non-respect par nombre de familles de la vaccination contre la variole pourtant obligatoire depuis 1902. Dans les années 1950, des foyers de variole subsistaient en Afrique de l’Est, en Inde et en Indochine. Or le père du petit Daniel. Sergent parachutiste, soigné pour une tuberculose pulmonaire avait contracté la variole au début de novembre 1954 dans un hôpital de Saigon. Il a retrouvé sa famille le 15 novembre 1954.

Une campagne massive de vaccinations est lancée. L’hôpital est isolé. Les maisons des malades sont désinfectées au formol. La rumeur enfle. Vannes devient une destination maudite. L’abnégation du personnel soignant est remarquable, mais l’épidémie va gagner le Finistère, avec une malade transférée à Brest. Sur 98 cas déclarés (dont 74 dans le Morbihan, 24 dans le Finistère), dont onze médecins (neuf dans le Morbihan), il y aura 16 décès à Vannes, 4 à Brest.

La campagne de vaccination collective va permettre de stopper l’épidémie. L’épidémie diminue rapidement à partir du 19 janvier, avant de s’éteindre le 20 mars à Vannes et le 11 mai à Brest.

Alors son histoire est-elle terminée ? Même éradiquée la variole inspire toujours la crainte. Ces craintes concernent le terrorisme microbiologique. La variole étant éradiquée, on ne vaccine plus. S’il y avait une résurgence, çà pourrait constituer éventuellement un danger . Théoriquement, à la suite de l’éradication, on a détruit tous les stocks de virus variolique sauf dans deux endroits : au CDC d’Atlanta aux Etats-Unis et au Centre Vektor en Russie. Mais il ne faudrait pas qu’un jour, il y ait quelque chose qui se passe.

En effet, les virologues David Evans et Ryan Noyce de l’Université d’Alberta (Canada) ont voulu montrer qu’il était possible de créer des agents pathogènes pour l’humanité avec assez peu de moyens techniques et financiers. Comme l’indique une publication dans la revue Science du 6 juillet 2017, les chercheurs ont choisi le virus de la variole (équine). Ainsi, les recherches menées ont permis de recréer en laboratoire un des virus les plus dangereux connus, dont la souche virale est très complexe, avec seulement 100.000 dollars de budget et du matériel génétique commandé sur Internet, à savoir les fragments d’ADN nécessaires à l’expérience. De quoi inquiéter !

La variole, aujourd’hui éradiquée et qui espérons-le ne repointera pas le bout de son nez par l’intermédiaire de personnes peu scrupuleuses, a été l’occasion de multiples enseignements :

  • Un virus peut faire ou défaire les empires.
  • Un simple médecin bon observateur a pu inventer la vaccination qui a révolutionné le monde, sans même connaitre l’existence des virus et des réactions immunitaires.
  • La preuve de l’efficacité d’une expérimentation peut survoler bien des réticences scientifiques, tout du moins au 18e siècle.
  • Et enfin, un manque de traitement peut être la cause de la victoire sur une maladie qui dure depuis la nuit des temps !

Cela nous laisse de l’espoir !!!

Author: sfl73_pass_Sa03Na08

DIPLOMES 1980 Diplôme d’Etat d’Infirmière 1996 Diplôme de Cadre de Santé 1998 DU de Soins Palliatifs 2007 DU Ethique Soins et Santé PARCOURS PROFESSIONNEL 1980-1983 Infirmière AU CHU de Rouen 1983-1995 Infirmière dans les services de Médecine et de Cure Médicale dans un Hôpital Local Faisant fonction de cadre à partir de 1989 Infirmière Coordinatrice du SSIAD rattaché à l’établissement en 1993 1996-2002 Cadre de Santé au CHU de Rouen dans différents services, de nuit puis de jour 2002-2005 Cadre de Santé en EHPAD dans un CH de la région Normandie, responsable de 6 unités de soins soit 167 lits et chargée de missions transversales (notamment la Gestion des Risques) 2005-2018 Cadre de Santé Formateur à l’IFSI du CHU de Rouen TRAVAUX REALISES: mise en place d'un SSIAD, Transmissions ciblées, Chef de projet sur la réalisation d'un film illustrant le protocole de pose d’une bande de contention veineuse et présentation dans différents congrès, évaluation de la prise en charge de la douleur, évaluation de l'éducation des patients sous AVK, référent SIIPS, Participation au groupe de travail sur la mise en place des CLAN (Comité de Liaison Alimentation Nutrition) à la DHOS, gestionnaire de risques, animateur d'un groupe d'évaluation dans le cadre de la certification, réalisation d'audits, participation à l'élaboration et à la réactualisation de protocoles de soins. PARTICIPATION AUX INSTANCES: Conseil d’Administration, Commission de Soins, CLAN.

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