Réponses aux arguments des opposants aux vaccins contre le Covid-19 – 8/13

Comme chaque jour voici une contre-argumentation, la n°8, face aux élucubrations des opposants au vaccin anti-Covid et à eux qui s’opposent à tous les vaccins (car les premiers ne font pas nécessairement partie des antivax seconds).

Argument n°8 : 18 vaccins utilisent ouvertement des cellules de fœtus humains avortés dans l’une ou l’autre phase de leur élaboration. Ceci concerne notamment les vaccins Pfizer/BioNTech, Moderna et AstraZeneca.

Origine de l’histoire : La Conférence des évêques catholiques du Canada et celle des USA ont publié en mars 2021 de courts textes mettant en garde les catholiques face aux vaccins contre la COVID-19 des compagnies Johnson & Johnson et AstraZeneca. Ceux-ci auraient été, selon les évêques, « développés, testés et produits avec des lignées cellulaires dérivées de l’avortement ». Les évêques reprochent ainsi aux deux sociétés pharmaceutiques « d’utiliser des lignées cellulaires dérivées de l’avortement dans leur développement, leur production et leurs essais cliniques ». Un procédé qui soulèverait des préoccupations éthiques pour les catholiques qui ne veulent pas soutenir l’avortement

Les faits : le problème est que ces allégations créent de la confusion. Il n’y a aucune cellule foetale dans les vaccins, contrairement à ce que certains ont pu comprendre de la sortie des évêques. Les développeurs de vaccins utilisent en général une des deux lignées cellulaires foetales humaines: HEK-293, une lignée cellulaire rénale largement utilisée dans la recherche et l’industrie qui provient, à l’origine, des cellules rénales d’un foetus avorté vers 1972; et PER.C6, une lignée cellulaire exclusive appartenant à Janssen, une filiale de Johnson & Johnson, qui a été développés à partir de cellules rétiniennes d’un foetus de 18 semaines avorté en 1985.
Les deux lignées cellulaires ont été développées dans le laboratoire du biologiste moléculaire Alex van der Eb, à l’Université de Leiden, aux Pays-Bas. La transfection par phosphate de calcium a été réalisée par Frank Graham , un post-doctorant dans le laboratoire de van der Eb pour la lignée HEK 293.
La technique utilisée par Johnson & Johnson et par AstraZeneca est donc bien plus ancienne que la COVID. Elle avait été utilisée, par ces laboratoires et par tous les autres laboratoires de la planète, pour mettre au point, entre autres, les vaccins contre la varicelle, l’hépatite et le zona, ainsi que des médicaments contre, par exemple, la polyarthrite rhumatoïde et la fibrose kystique…Il est utile de préciser que les avortements qui ont permis l’élaboration de ces lignées n’ont pas été réalisés pour la recherche mais à la demande de deux femmes qui ne souhaitaient pas porter leur grossesse à terme pour des raisons qui leur étaient personnelles. D’ailleurs, l’avortement était illégal aux Pays-Bas Jusqu’en 1984, sauf pour sauver la vie de la mère, il est donc plus que probable que les cellules utilisées dans le laboratoire étaient issues d’avortements thérapeutiques.

La technique consiste à prélever un échantillon de quelques cellules qui sont les « descendantes » de ces cellules foetales, et de les cultiver en laboratoire pour les multiplier.
Pourquoi des cellules humaines ? Parce qu’elles sont utilisées comme des « usines » pour générer de grandes quantités d’adénovirus: une très vaste famille de ces virus qui infectent l’humain et certains animaux – le rhume en fait partie. L’adénovirus se développe et se multiplie jusqu’à ce que les cellules embryonnaires se désagrègent. Les scientifiques éliminent ensuite ce qui reste du matériel cellulaire pour ne conserver que les adénovirus qui serviront au vaccin.
Il s’agit là de la base du procédé de fabrication d’un vaccin: un virus, d’abord rendu inoffensif (les adénovirus sont modifiés génétiquement pour être incapables de se répliquer chez leurs futurs hôtes). Ce virus est ensuite injecté afin d’apporter aux cellules des personnes vaccinées les instructions génétiques dont leur système immunitaire aura besoin pour réagir, le jour où il sera confronté au véritable virus. Or, ce virus, pour être « fabriqué », a besoin de cellules humaines en laboratoire, puisqu’un virus ne peut pas croître tout seul.

En décembre dernier, le Vatican a assuré dans une déclaration d’une page que, même si les vaccins ont été développés avec l’utilisation de cellules dérivées de foetus avortés il y a des décennies, il est « moralement acceptable » pour les catholiques de recevoir un de ces vaccins. Une position qu’il avait déjà publiée en 2005 et en 2017. La déclaration précise qu’en l’absence d’autres options, le rôle des vaccinés dans un avortement qui « a eu lieu au siècle dernier » est « lointain » et que, face au « grave danger » posé par la COVID-19, les catholiques ont le devoir moral de protéger leur santé.
Même ainsi, la Congrégation pour la doctrine de la foi du Vatican, le bureau chargé de défendre la doctrine catholique, souligne que « l’utilisation de tels vaccins n’implique et ne devrait en aucun cas impliquer qu’il existe une approbation morale de l’utilisation de lignées cellulaires provenant de foetus avortés. »
La déclaration évoque également un « impératif moral » pour l’ industrie pharmaceutique, les gouvernements et les organisations internationales, de s’assurer que des vaccins soient « éthiquement acceptables » et accessibles aux pays les plus pauvres, et ce, à faible coût.

Des cellules ont bien été prélevées sur deux foetus avortés dans les années 1970 et 1980, mais aujourd’hui, ce sont les lointaines descendantes de ces cellules, cultivées en laboratoire, qui sont utilisées -et qui l’ont été pour le développement de très nombreux vaccins et médicaments dans les quatre dernières décennies. Afin de bien cerner les questions que cela peut poser d’un point de vue éthique, les notions suivantes sont à retenir[1] :

–          Ces vaccins ne contiennent pas de cellules d’origine fœtale, ces cellules ne sont donc pas injectées dans le corps du vacciné.

–          La lignée cellulaire concernée est un « clone immortalisé » de la cellule d’origine prélevée sur un fœtus avorté.

–          Chaque lignée est issue d’un unique fœtus avorté dans les années 1970-1980 : il n’est pas nécessaire d’utiliser de nouveaux fœtus pour continuer à produire ces vaccins, même dans l’avenir.

–          Les avortements en question n’ont pas été provoqués pour les besoins de la science : il s’agissait d’IVG demandés par la mère pour ses raisons personnelles.

–          Cette lignée est utilisée à un ou plusieurs des stades du développement du vaccin et de manière plus ou moins importante. Certains vaccins l’utilisent dès leur conception et parfois sur les 2 autres stades de leur développement, d’autres ne les utilisent que partiellement dans certains tests finaux avant commercialisation. Bien sûr d’autres vaccins n’utilisent pas du tout de cellules d’origine fœtale quel que soit le stade de leur développement ; mais nombre d’entre eux sont encore à l’étude, et donc pas encore commercialisés en France.

En ce qui concerne l’aspect éthique, il faut considérer le degré de responsabilité selon différents angles de vue. L’église catholique, par exemple a développé le principe suivant : celui qui demande ou réalise une IVG n’a pas le même degré de responsabilité que celui qui prélève des cellules sur le fœtus mort, ou que les politiques et organismes qui encouragent ou financent les recherches ; ou encore pour le laboratoire qui a acheté une lignée clonée depuis 40 ans à partir de la cellule originelle ; il est encore moindre pour une personne qui veut se protéger d’une maladie potentiellement grave en utilisant un vaccin sur la conception duquel il n’a eu aucun pouvoir de décision.

Si on considère le but à atteindre, c’est-à-dire éviter un mal bien plus grand. Dans le cas de la Covid, les personnes dites vulnérables (personnes âgées ou atteintes d’une pathologie prédisposant à une forme grave de Covid-19 avec un haut risque de passage en réanimation et une issue fréquemment fatale), peuvent être protégées en se faisant vacciner . Et à ce jour, les patients en France n’ont le choix entre les différents vaccins que dans la mesure de leur disponibilité, et du choix des autorités qui définissent les indications de chaque vaccin.

Enfin, dernier point la recherche du bien commun : si le plus grand nombre se fait vacciner, cela permet de diminuer la circulation du virus et donc de protéger les plus fragiles (sans parler des cas actuellement imprévisibles mais heureusement rares de « Covid long » avec séquelles à long terme). Cet argument est celui  retenu par des éthiciens protestants ou évangéliques , qui néanmoins insistent sur l’importance d’une information transparente du public concernant la provenance de ces vaccins.

Pour conclure je renvoie aux personnes, catholiques ou non, mais réticentes pour la question éthique de l’avortement ce questionnaire d’un prêtre [2] qui applique les mêmes principes dans son raisonnement que ceux que je viens d’exposer :

Faut-il cesser de payer l’impôt, par exemple en France, parce qu’une partie de l’argent sert à rembourser l’avortement ou la PMA ?

Faut-il accepter de se fournir chez un pharmacien qui vend des produits illicites : abortifs, préservatifs, contraceptifs ? Ne serait-ce pas une forme d’encouragement ?

Faut-il accepter de se laisser soigner par un médecin qui agrée l’avortement et qui prescrit la pilule ?

Faut-il accepter d’aller dans un grand magasin ou dans une librairie qui vend de mauvais journaux ?

Une caissière doit-elle refuser d’encaisser le paiement d’un client qui lui présente un mauvais DVD ?

Il est clair que la liste pourrait s’allonger indéfiniment. 🙂

Sources:

[1] Dr Michel Cambrelin: Vaccins-contre-la-Covid-19-Un-questionnement-ethique-pour-le-chretien.pdf (cpdh.org)

[2] Abbé Arnaud Sélégny: Considérations morales sur le vaccin anti-Covid 19 – FSSPX.Actualités / FSSPX.News

📰 COVID-19: des vaccins conçus à partir d’embryons avortés ? (techno-science.net)

Haut Conseil de la santé publique – AVIS relatif à la sécurisation des dons d’organes, de tissus ou de
cellules chez des donneurs vaccinés depuis moins d’un mois par un vaccin anti-SARS-CoV-2 à vecteur viral utilisant un adénovirus non réplicatif – 3 mai 2021

Catholicisme : les pro-life contre les vaccins – Libération (liberation.fr)

Author: sfl73_pass_Sa03Na08

DIPLOMES 1980 Diplôme d’Etat d’Infirmière 1996 Diplôme de Cadre de Santé 1998 DU de Soins Palliatifs 2007 DU Ethique Soins et Santé PARCOURS PROFESSIONNEL 1980-1983 Infirmière AU CHU de Rouen 1983-1995 Infirmière dans les services de Médecine et de Cure Médicale dans un Hôpital Local Faisant fonction de cadre à partir de 1989 Infirmière Coordinatrice du SSIAD rattaché à l’établissement en 1993 1996-2002 Cadre de Santé au CHU de Rouen dans différents services, de nuit puis de jour 2002-2005 Cadre de Santé en EHPAD dans un CH de la région Normandie, responsable de 6 unités de soins soit 167 lits et chargée de missions transversales (notamment la Gestion des Risques) 2005-2018 Cadre de Santé Formateur à l’IFSI du CHU de Rouen TRAVAUX REALISES: mise en place d'un SSIAD, Transmissions ciblées, Chef de projet sur la réalisation d'un film illustrant le protocole de pose d’une bande de contention veineuse et présentation dans différents congrès, évaluation de la prise en charge de la douleur, évaluation de l'éducation des patients sous AVK, référent SIIPS, Participation au groupe de travail sur la mise en place des CLAN (Comité de Liaison Alimentation Nutrition) à la DHOS, gestionnaire de risques, animateur d'un groupe d'évaluation dans le cadre de la certification, réalisation d'audits, participation à l'élaboration et à la réactualisation de protocoles de soins. PARTICIPATION AUX INSTANCES: Conseil d’Administration, Commission de Soins, CLAN.

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